Décryptage

Prestations Santé : une forte dérive en 2023 ?.

26.06.2023

En ce milieu d’année 2023, plusieurs signaux semblent annoncer une sinistralité fortement dégradée pour les complémentaires. L’inflation qui persiste, l’augmentation de la consommation qui ne faiblit pas ou encore le transfert de charge de l’assurance maladie vers les assureurs qui se concrétise sont autant de facteurs préoccupants.
La dérive des dépenses pour l’assurance maladie par rapport à 2022 est estimée à + 2,6 % à fin avril 2023, mais elle est atténuée par une baisse sur les actes de laboratoire par rapport à 2022 (liés aux vagues OMICRON).
De plus, pour les complémentaires, après une année 2022 déjà difficile, les premiers mois de consommation laissent entrevoir une dérive des frais de soins au minimum de 5 %, avec une moyenne estimée entre 7 % et 10 %*, et dépassant 15 % pour certains acteurs. Une dérive hétérogène, fortement dépendante du profil de risque des portefeuilles concernés : 

  • le dentaire, l’audiologie et l’optique sont toujours impactés par la réforme 100 % santé, avec des coûts moyens qui demeurent élevés ;
  • l’inflation médicale est très marquée sur les médicaments (+ 6,7 % sur les dépenses du régime général sur les mois de janvier à avril 2023 par rapport à 2022 sur la même période) ;
  • le poste Hospitalisation est touché par une hausse de la fréquence, tout comme les actes de médecine douce avec la progression des troubles psychologiques et musculosquelettiques.

Par ailleurs, les perspectives en termes d’évolutions réglementaires ne sont pas rassurantes. Si un transfert de 300 M€ d’euros en année pleine avait déjà été annoncé dans la LFSS 2023, la direction de la Sécurité sociale a annoncé le 15 juin que le montant de ce transfert atteindra à minima 500 M€. La mise en œuvre se ferait au travers de la baisse de 70 % à 60 % du taux de remboursement de la Sécurité sociale sur les actes de chirurgiens-dentistes dès octobre 2023.
Selon notre étude, l’impact moyen de cette nouvelle mesure sur un contrat est estimé entre + 0,6 % et + 1,2 %, selon le niveau de couverture et le poids du poste dentaire.
Cette évolution récente vient s’additionner à deux changements déjà annoncés : la revalorisation de + 1,5 € des consultations généralistes et spécialistes prévues pour l’automne et l’extension du 100 % santé avec l’intégration des prothèses capillaires et des fauteuils roulants pour 2024.
Face à cette pression accrue, il est nécessaire de trouver des leviers pour assurer l’équilibre déjà menacé avant ces évolutions réglementaires. Le gouvernement vise à responsabiliser les individus via des mesures, notamment la hausse du reste à charge sur les médicaments mentionnée par le ministre de l’Économie dans sa présentation des orientations budgétaires pour 2024. De nouveaux échanges sont attendus à la mi-juillet dans le cadre du Comité de dialogue avec les organismes complémentaires (CDOC). 

*Étude réalisée par Optimind sur un panel d’acteurs représentatifs du marché de la protection sociale (Mutuelles, Compagnie d’assurances et IP).

Article rédigé par Elsa Laval, consultante de la practice Actuarial & Financial Services.

Pour plus d'information, vous pouvez contacter Valérie Deppe, senior associateChloé Parfait et Gildas Robert, partners de la practice Actuarial & Financial Services.

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