Article de presse

Assurance vie : comment est fabriqué le taux de votre fonds en euros.

La saison des annonces de rendements 2018 des assurances vie se profile. Attendus en baisse
modérée, ces taux sont-ils le fruit d un calcul savant, ou d une « simple » décision marketing ?

décembre 2018

Le calendrier de la détermination du taux
« Les taux ne se constatent pas, ils se décrètent ! » L'adage désormais célèbre dans le monde de l'assurance vie correspond-il à la réalité ? Le sujet semble tabou pour les assureurs, car éminemment stratégique. Aucun des assureurs contactés n’a donné suite à notre demande d’interview. Generali a tout de même accepté de répondre par écrit : « Le processus d’élaboration des taux s’appuie tout d’abord sur une gestion ALM [actif-passif, NDLR] au long cours, un pilotage fin des actifs et des études de scénarii de comportements actif-passif à venir. Ces travaux sont suivis au sein d’une gouvernance stricte et propre à chaque compagnie. » Au-delà de cette base exclusivement financière, Generali confirme un aspect marketing et stratégique : « Les estimations globales sont préalablement présentées en conseil d’administration pour accord. Enfin, après obtention des résultats de fin d’année, les taux sont fixés en comité exécutif de la compagnie. » Ces dernières années, les annonces officielles se sont surtout concentrées mi-janvier, donc peu après l’arrêt des résultats annuels et le passage en comité exécutif.
 
 
Un placement avant tout « obligataire »
La première étape de ce processus est donc d’ordre financier. Selon le site spécialisé Good value for money, les fonds en euros sont composés à plus de 80% d'obligations, autrement dit de titres de créances. Cette catégorie d’actifs financiers est peu rentable mais aussi peu risquée, et elle permet de dégager des rémunérations régulières grâce aux coupons, l’équivalent d’intérêts de placement. C’est donc ce qui permet aux assureurs de garantir aux épargnants qu ils n essuieront pas de perte en capital via le fonds en euros (1).

Ces obligations sont actuellement équitablement réparties entre emprunts d Etat (ou « obligations souveraines ») et obligations corporate, c’est-à-dire des titres de créance émis par des entreprises, plus rentables. Par ailleurs, si les taux des emprunts d Etat sont extrêmement bas (0,66% aujourd’hui pour l OAT 10 ans française), les assureurs profitent des rémunérations des obligations investies voici de nombreuses années, quand les taux étaient plus élevés. Les assureurs investissent enfin une petite partie des fonds en euros sur les actions (près de 9%) ou en immobilier (6%) afin d’aller chercher du rendement sans prendre trop de risques. En 2017, la poche actions avait permis aux assureurs de maintenir le niveau de rémunération de 2016, le rendement brut des fonds dépassant alors les 3%.
  
Une obligation de rémunération minimum
« Il faut rassurer les épargnants : il y a des dispositions réglementaires qui encadrent la détermination des taux ! » Gildas Robert, directeur conseil actuariat et finance du cabinet de conseil Optimind rappelle tout d’abord que le code des assurances « oblige les assureurs à reverser chaque année au minimum 85% des bénéfices financiers et 90% des bénéfices techniques du fonds en euros » : « Chaque année, sur cette base, les assureurs doivent donc verser un taux de participation aux bénéfices minimum. Ensuite, ils distribuent de la participation aux bénéfices discrétionnaire : ce montant est nécessairement nul ou positif, et il s’additionne à la participation aux bénéfices minimum. » Autrement dit, si le fonds en euros est rentable, l’assureur est obligé de reverser une rémunération minimum aux épargnants. Mais pas nécessairement l’ensemble des bénéfices.

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