Article de presse

Fraude : quand les assureurs intensifient la traque.

septembre 2015

Chaque année, plus de 2 Md€ disparaissent des caisses des assureurs dommages sous l’effet de la fraude. Un fléau qui pousse le secteur à renforcer les moyens de contrôle en interne et explorer de nouvelles matières analysables.

Elle n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti. Et pourtant c’est l’ennemie des assureurs. Cet adversaire, c’est la fraude. Il faut dire que les montants impliqués n’ont rien d’anodin en assurance dommages. Et pour cause : fausses déclarations à la souscription, sinistres montés de toutes pièces, exagération… l’ensemble de ces actes volontaires permettant de dégager un profit illégitime d’un contrat d’assurance représente en moyenne, selon les estimations de marché, entre 4 à 8% des primes encaissées en IARD. Soit entre 2 et 4 Md€ sur la base des chiffres 2014 de l’Association française de l’assurance (FFSA-Gema, AFA) ou 2,5 Md€ selon l’Agence pour la lutte contre la fraude à l’assurance (Alfa), créée en 1989 à l’initiative de la FFSA et du Gema. Pire, dans un rapport daté de 2013, Insurance Europe, la super-fédération européenne de l’assurance, évaluait, quant à elle, le poids des fraudes - détectées et non détectées - à environ 10 % du coût des sinistres payés par les assureurs dans leurs comptes.

Un arsenal contre la fraude

Face à ce fléau, les assureurs se dotent depuis une dizaine d’années d’un arsenal destiné à mieux identifier les cas de fraudes, individuels comme en bande organisée (lire interview ci-contre). Ils s’organisent pour mieux la combattre. Et cela fonctionne doucement mais sûrement. En 2014, l’Alfa a enregistré 42 529 déclarations de sinistres frauduleuses, correspondant à 219 M€ de prestations non réglées aux assurés malhonnêtes, dont la moitié concerne la branche automobile. Ces enjeux financiers pesaient presque cinq fois moins en 2003 (47 M€) ! La résultante d’un effet crise, certes, mais pas uniquement. Si la traque des assureurs s’est intensifiée en l’espace de dix ans, c’est aussi parce que la fraude entraîne mécaniquement une hausse du prix de revient des produits supportée, dans la plupart des cas, par l’assuré honnête. Cela représente, en moyenne, une cinquantaine d’euros supplémentaires par contrat. « Il est difficile de déterminer l’impact de la fraude dans les évolutions tarifaires des contrats. En revanche, l’ensemble des garde-fous et actions liées à la lutte anti-fraude contribue à faire évoluer et sécuriser notre portefeuille, souligne Christophe Biche, responsable lutte anti-fraude chez Covéa AIS. Nous nous devons de faire en sorte que les primes d’assurance payées par la collectivité des assurés ne servent pas à autre chose qu’à l’indemnisation de vrais sinistres ! ». D’autant que l’ACPR veille au grain : « Le régulateur pourrait tout à fait sanctionner pour défaut de contrôle interne l’assureur fraudé qui aurait été extrêmement déficient dans son dispositif de lutte contre la fraude. C’est ce qui s’est d’ailleurs produit pour la Société Générale avec Jérôme Kerviel », rappelle Dan Chelly, directeur métier risk management d’Optimind Winter. D’où la nécessité d’adopter de vraies politiques de lutte en la matière.

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Média

Argus de l'assurance

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